Mes Halloween

Lorsque j'étais enfant,.. ça sonne 1924 ça. Bref, ma mère confectionnait nos déguisements d'Halloween. C'était assez commun, rares étaient les enfants avec un déguisement achetés. Nous partions à la recherche de morceaux de vêtements usagers, de morceaux de tissus ou de carton à transformer ou fouiller les vielles malles des grands-parents à la recherche du déguisement parfait. 

Il y avait tout un rituel autour de l'Halloween. Nous devions décider dès la mi-septembre pour avoir suffisamment de temps pour amasser le matériel et le confectionner. Il y avait des articles dans les magazines avec des DIY de costumes pour s'inspirer avec des trucs faciles à trouver à la maison. C'était une belle époque. 

Je me souviens d'un déguisement de robot-martien fait avec du carton et du papier d'aluminium coloré. C'était cool ça! 

Puis la journée de l'Halloween, nous partions tous déguisés pour l'école. Il n'y avait pas de grandes festivités, mais c'était assez cool. Ou peut-être était-ce parce que j'ai eu des religieuses comme enseignantes au primaire. Je te jure que je ne suis pas née en 1924, mais je suis tout de même assez vieille pour avoir eu de très vieilles religieuses dévouées, bien au-delà de l'âge de la retraite, qui m'ont enseigné et fait chanter "Un jour à la fois" et réciter le Notre père tous les matins. Ça ne m'a pas tellement aidée avec les mathématiques, mais bon, c'était une autre époque. Fin de l'intermède. 

Au début de la journée, nous étions tous beaux dans nos déguisements. Certains ne s'étaient pas vraiment forcés et d'autres étaient carrément hilarants. Il y avait beaucoup de Ninja Turtles. Vers la fin de la journée, le maquillage avait coulé, le déguisement était à moitié retiré, nous avions perdu notre gloire du matin. Nous ressemblions à une figurine qui aurait été oubliée trop longtemps dans une plinthe électrique, tu vois le genre?

Puis la dernière période arrivait. On comptait les secondes avant que la clôche sonne. L'atmosphère était électrique. Le trajet d'autobus était INTERMINABLE! On essayait de spotter les rues avec le plus de maisons décorées. Arriver à la maison, c'était congé de devoir et de leçons! On se dépêchait d'engloutir un souper rapide. Retouche maquillage et costumes. On sortait des taies d'oreillers en essayant de trouver la plus grande de la maison. On préparait des sacs d'extra, au cas où. Notre petite boîte orange d'UNICEF. (ça à la fin de la soirée, c'était vraiment lourd à traîner!) Puis on partait. 

L'halloween dans mon enfance, c'était toujours très froid et environ un Halloween sur 2 il y avait un mix de pluie-neige. Nous marchions pendant des heures. J'habitais Montréal l'année des lames de rasoirs et des aiguilles dans les pommes et les bonbons. Parce que oui, on recevait parfois des pommes, des arachides, une poignée de changes et des bonbons plutôt douteux, pas enveloppés. Plus tard, lorsque j'habitais à la campagne, il y avait la dernière maison du village qui donnait une cannette de soda. C'était LA meilleure maison du village. Rendu au bout, on était tellement crevé et déshydraté que le soda passait vraiment bien! Ça nous redonnait la force de rentrer à la maison. Je sais qu'en 2024, ce serait scandaleux, mais c'était les années 90, fait que relaxe. 

À la fin de la tournée, on vidait nos sacs de bonbons en un gros tas pour être triés. On avaient droit d'en manger quelques-uns après inspections. Pas les pommes! Juste les bonbons que ma mère avait donnés son sceau d'approbation. Ma mère mettait tout ça dans un gigantesque bol à punch vintage brun. Puis on se couchait très tard, brûlé d'une très belle soirée. Parce que c'était l'Halloween, on avait le droit de se coucher très tard! 

Puis après l'adolescence, il y eut un temps où je n'aimais pas trop l'Halloween. Je travaillais, je n'avais pas encore d'enfant. C'était juste une période interminable dans mon attente pour ma fête préférée d'entre toutes, Noël. Fallait supposément attendre que l'Halloween soit passé avant de penser à Noël, à ce qui parait. Pfff.

Lorsque ma première fille eut atteint un âge raisonnable pour passer l'Halloween, on était en pleine pandémie, donc nous n'avions pas vraiment pu la passer. Mais depuis, on s'est repris. J'essaie de lui enseigner que l'Halloween c'est une grande fête des enfants. De lui montrer qu'on a beaucoup plus de plaisir à essayer de confectionner notre déguisement plutôt que d'acheter un déguisement tout fait à 40$. Je ne comprends absolument pas cette mode. Nos déguisements ne sont pas parfaits, mais ils sont à l'image même de ce que devrait être l'Halloween selon moi. Cette fête devrait être un moment de plaisir en famille, avoir des traditions propres à chaque petit cocon familial. 

Cette année encore, les idées de déguisements ont été passées. Nous sommes à la recherche de matériel pour les confectionners. Ce sera très simple, fait maison ensemble avec plaisir. Puis ce soir-là, nous allons manger notre fameux macaroni au fromage d'Halloween, attendre impatiemment que papa arrive du travail, puis ce sera la tournée des bonbons, beau temps, mauvais temps. Nous allons sauter certaines maisons qui font trop peurs, nous sommes plutôt du style poule mouillée, et marcher jusqu'à ce que notre sac soit plein. Ouin, je n'apporte pas plein de sacs de rechange, on est en 2024, pas en 1991. C'est que mes enfants en ont ras le pompon assez vite! En revenant, nous allons trier notre collecte ensemble, manger quelques bonbons, essayer d'enlever les 40 couches de maquillage et les paillettes collées dans nos sourcils, parce qu'à l'halloween, même si t'as aucun brillant sur ton déguisement, c'est assuré que tu te retrouves avec des paillettes collées dans les sourcils et le fond de tête. Puis nous allons nous coucher tard, brûlé de notre belle soirée.

J'espère qu'elles garderont d'aussi bons souvenirs de leur Halloween que les miens. 


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